Mercredi 24 juillet
C’est juste à l’autre bout du monde.
On arrive sans encombre à Orly, juste un petit tour pour bien trouver le terminal 4. Merci Alexis pour le coup de main !
Comme on avait prévu assez large pour parer toute éventualité, on est zen sur l’enregistrement. On arrive sur la borne d’auto-enregistrement, elle veut pas de nous. Allez voir le guichet, qu’elle nous dit l’hôtesse. Vingt minutes de queue après, le gentil monsieur nous donne nos cartes d’embarquement. Elles ont la marque du diable, mais ça on ne s’en rendra compte qu’après….
On refait la même queue interminable pour déposer nos bagages et hop, direction la porte d’embarquement. Au bout de vingt minutes dans le hall d’attente, une speakerine nous signale que les noms suivants peuvent accéder directement à l’embarquement. Driss Khaled qu’elle dit… Chouette, on a été surclassé par erreur ou quoi ?
J’y vais tout guilleret, et là on me dit qu’en fait, on nous a appelé avant parce qu’on est sujets à un contrôle de sécurité « aléatoire ». Hum hum….
Et tient, Mélany ils n’avaient pas cité son nom mais si si, elle y a droit aussi faudrait pas la laisser toute seule dans son coin. Là on nous fait retirer nos chaussures, et on nous applique méticuleusement une sorte de ruban sur les mains, les pieds, les extrémités des vêtements mais aussi tout les appareils électroniques. Après discussion, l’agente de sécurité assez sympa me dit qu’il s’agit d’une recherche d’explosifs. Heureusement que j’avais reporté ma séance de bombe artisanale au retour des vacances. Bon ben voilà on est peut-être fichés S mais nous on est les premiers dans la passerelle d’embarquement, avec les autres « aléatoires ».
S’ensuit un décollage et un premier vol de 11 heures méga long mais sans problème. On a des tablettes sur nos siège, avec des films et des jeux. Je constate que je suis infoutu de battre cette satanée machine au billard virtuel d’il y a 15 ans, et surtout que les films Marvel, sur une tablette rikiki, c’est encore plus de la merde qu’au cinéma.
Bref, notre patience est bien usée quand le commandant de bord signale l’approche de San Francisco. Mais le paysage est franchement impressionnant. Ils ont des marais salants gigantesques, et un aéroport construit sur un remblais dans la mer. Atterrissage maîtrisé, on est pas fâchés de descendre de l’engin pour se dégourdir les jambes.
En sortant, une hôtesse essaye de nous expliquer qu’il faudra échanger notre carte d’embarquement, mais en restant super évasive, genre allez y ils vous expliqueront tout. Tu parles.
On arrive dans le hall de la douane et sécurité des frontières américaine. Et ça impose un peu le truc. T’es innocent mais tu te sens coupable d’avoir voulu poser le pieds sur leur territoire sacré. Non mais nous on veut juste reprendre le même avion après le ravitaillement hein, c’est tout.
« No way, fucking bearded terrorist. On va te la faire façon guantanamo. »
Donc on passe la douane au guichet du crétin de ricain le plus désagréable du monde. Du moins ce que je croyais au moment d’interagir avec lui : « Thumb on plate. Four fingers on plate. Now get out ! »
Là mon instinct me dit que la merde est pas finie, et que tout ce qui importe c’est de finir notre trajet. On arrive à la file d’attente des sas de sécurité avant l’embarquement. Un anglophone de FrenchBee nous alpague, prend nos cartes d’embarquement, nous montre quatre « S » notés dans un des coins, et nous les remplace par les mêmes mais avec les quatre « S » entourés en rouge. Moué….
Il nous explique vaguement dans un accent porto ricain indéchiffrable qu’on doit aller faire « poinçonner » nos cartes au pupitre après les contrôles de sécurité. Juste une formalité quoi. Putain de mytho.
Dès qu’on présente nos cartes d’embarquement avant les tapis roulants, le gars nous les présente, marmonne « quad S » et pointe du doigt une partie moins fréquentée du hall de sécurité. Une dame de notre vol est dans la même situation que nous. Ils nous foutent dans un coin et nous oublient. Genre pendant presque vingt minutes. Et notre heure de décollage qui se rapproche dangereusement. Aucune explication, pas de prise en charge, restez dans le coin bande de merdes de touristes français. On vous aime pas de toute façon.
La dame nous explique que sa fille de 14 ans a passé les contrôles et elle ne sait pas où elle est. Bravo les ricains, je reviendrais dès que j’en aurais l’occasion. En fait non, je reviendrais pas.
Après un léger début de pleurnicherie et d’agacement, un gars toujours aussi mal aimable nous prend en charge. Et là vas-y que je fais le pack intégral du petit terroriste en herbe. Fouille au corps appuyée, sas détecteur de métaux, sas qui doit être un truc de scan poussé avec les bras en l’air comme un guignol. Rebelote avec le petit bout de ruban bien partout cette fois (mais pourquoi ils l’ont fait à Orly alors ? Peut-être que j’ai profité d’être dans l’avion pour préparer un autre explosif qui sait ?) Allume ton ordi. Allume ton téléphone. Et tout ça sans aucune explication du début à la fin du processus, par personne.
Les cowboys constatent que finalement on est peut-être pas des terroristes, du moins pas aujourd’hui, et nous laissent passer. Deux dames de FrenchBee nous attendent de l’autre côté des contrôles, avec un regard genre « dépêchez-vous hein, vous empêchez l’avion de décoller ». Merci mon dieu ils nous ont attendus. Ç’aurait pu être pire.
On fonce à marche forcée vers la passerelle (tout en remettant ma ceinture façon les charlots).
On est dans l’avion. On est les derniers à monter. Vite commandant, décollez avant que les cowboys ne changent d’avis et ne reviennent me chercher !
Huit heures de plus tout aussi interminables, un atterrissage de nuit assez flippant sur la piste à peine éclairée de l’aéroport de Faa’a à Tahiti, applaudi par des gens (on a failli crever ou quoi ?) et ça y est, on sent l’air marin et tout le toutim.
On a le droit à un petit concert de ukulélé pour nous accueillir, les gens sont souriants, il est 4h40 du matin ici. On a pas dormi depuis 34 heures. Et c’est parti pour une longue et belle journée.