lundi 12 août
Excursion à Taha’a.
Nos souhaits ont été exaucés, les nuages sont toujours là mais moins menaçants et pas une goutte de pluie. L’humidité s’évapore très vite, par contre après la pluie l’air est super étouffant et le moindre effort te fait transpirer. Ça tombe bien on a pas prévu de trop se fatiguer. On a rendez-vous à 9h30 au port d’Uturoa pour notre excursion de toute la journée sur Taha’a. Dès qu’on voit les 5 ou 6 « animateurs » polynésiens on comprend qu’on est dans un circuit « touriste » à fond. Très souriants, on voit tout de suite qu’ils sont méga rodés mais ils ont l’air de prendre du plaisir à ce qu’ils font. Ils sont tous en chemise avec un petit pagne rouge qui recouvre à peine leurs boules, et pas du tout leur boule. Mais la pudeur ça n’a pas l’air d’être trop leur truc.
Donc on part à trois bateaux, on doit être un peu plus d’une trentaine de passagers en tout. On traverse la partie du lagon qui sépare les deux îles, avec ses eaux transparentes on voit le fond sur tout le trajet. La première destination est une ferme qui produit de la vanille. Dès qu’on arrive vers Taha’a le ciel se dégage complètement, et on aura droit à une journée ensoleillée jusqu’au soir. On accoste dans une baie très belle avec un motu en plein milieu. Il n’y a quasiment pas de constructions, on a l’impression qui se confirmera que l’île est plus sauvage que Raiatea, et peut-être que Huahine même. La ferme se compose de deux petits bâtiments et de deux zones de culture, une « traditionnelle » à ciel ouvert et une autre plus intensive protégée par des filets noirs à maille très fine.
Vu le prix au kilo vaut mieux pour eux ne pas se les faire bouffer par les bestioles. La gentille dame nous fait son laïus qu’elle a déjà répété dix mille fois, et essayant d’être dans l’échange quand même. Je vous passe les détails spécifiques de la culture de vanille, mais c’est fait à la main et c’est pas si évident que cela.
À la fin on a droit à une dégustation de rhum arrangé vanille. Elle veut nous vendre sa vanille, il paraît que ca peut durer 30 ou 40 ans… On passe notre tour sur la vanille.
Ensuite direction une autre baie ou on va avoir l’occasion de visiter une rhumerie artisanale. Ils font leur rhum avec de la canne à sucre rouge, et l’alambic quoique beaucoup plus petit que ce qui se fait dans les Antilles est assez impressionnant à observer.
On a le droit à une dégustation de rhum à 40 et 55°. Les deux sont bons, le 55° est meilleur. Un chat roux (on n’a pas vu beaucoup de chats en Polynésie, peut-être à cause des milliers de chiens errants ?) fait son show et réclame des caresses à tout le monde. L’entreprise fait aussi du coprah (pâte de noix de coco) et des produits dérivés. Mel achète une crème hydratante à base de coco, et moi j’achète le rhum blanc à 55°. C’est lui qui m’a fait un clin d’œil hein, moi j’ai rien demandé…
On retourne sur la passerelle ou est stationné notre bateau. Nos animateurs nous proposent de nous rafraîchir en prenant un verre sur une magnifique pirogue-bar accostée juste à côté. Ils nous y attendaient et ont déjà commencé l’apéro sans nous on dirait. Ils sortent leur ukulélé et nous « improvisent » un petit concert. Ça commence avec un peu de traditionnel et des reprises, mais au fur et à mesure ça dérape sérieusement. On est déjà morts de rire quand ils reprennent « une souris verte » après « dja dja » et « hakuna matata ». Ils ont de la ressource les bougres.
On profite de ce moment à l’ambiance très décontractée, jusqu’au moment ou les guides nous invitent à regagner les bateaux. On fait une petite escale sur une ferme perlière, intégralement sur pilotis et au beau milieu du lagon. Quelques employés sont affairés à ouvrir les huîtres, pendant qu’une hôtesse nous décrit tout ce que l’on doit savoir sur la culture des perles de Taha’a. C’est à dire pas grand-chose. Elle est encore plus blasée que celle de la vanille. Les guides nous rappellent qu’il faut « prouver notre amour »… Franchement c’est le moment ou je me suis le plus senti touriste pigeon de tout le voyage. Bref on repart de la ferme perlière, direction un petit coin de lagon entre deux motus, le bien nommé « jardin de corail ».
Le coin est paradisiaque, on passe devant un hôtel de bungalow sur pilotis comme il y en a beaucoup en polynésie. Ce sont des nuitées à probablement plusieurs milliers d’euros… Les guides nous décrivent ce que l’on doit faire, en gros suivre un chenal peu profond entre les blocs de corail tout en admirant la biodiversité hors du commun.
Alors moi perso qu’on me dise tu nages là et pas là, ça m’amuse pas beaucoup. Mais c’est vrai que la variété de poisson est top, en plus nos guides leur balancent de l’appât donc il y a des concentrations assez massives.
Je discute avec eux à propos de la prolifération de l’algue envahissante Turbinaria, et des conséquences sur les coraux. Ils sont bien conscients du problèmes et me disent que le spot est nettoyé régulièrement. Mais c’est une toute petite zone comparée à l’impact sur tous les récifs de polynésie..
Une fois qu’on a tous bien nagé, on reprend le bateau pour aller à la dernière destination avant le retour. C’est une petite plage sur un motu, ou on va déjeuner. On constate assez impressionnés que des tables et des bancs on été installés directement dans l’eau. Apparemment on va manger avec les poissons qui nous zigzaguent entre les orteils.
Le repas, un buffet chaud et froid, est composé d’un mélange de plats traditionnels et de nourriture moins exotique. Il y a du taro bouilli, une racine qui compose une bonne partie de la base alimentaire à Tahiti. Il y a du poisson cru évidemment, du poulet mariné, du po’e banane, du mahi mahi, ainsi que d’autres plats typiques.
Il y a même un chat roux qui nous quémande des morceaux de poisson. C’est la copie conforme de celui de la rhumerie. Peut-être qu’il nous a suivi en clandé dans un coin du bateau ? Ou alors ils ont des clones..
La fin de l’après-midi approche, on repart vers Uturoa en fendant les vaguelettes du lagon. Cette découverte de Taha’a aura été pour nous une très belle expérience, avec des personnages hauts en couleur.
On nous fournit des assiettes formées de feuilles de palmier tressées, étonnamment étanches, ainsi que des coco fraîches pour se désaltérer. Plus le repas avance, et plus les poissons sont nombreux autour de nous. Assez rapidement, on voit arriver les stars de l’après-midi : des requins à pointe noire, qui nagent de plus en plus près de nous à mesure qu’ils s’enhardissent. Il y en a quatre ou cinq, et ils sont de taille relativement modeste. Je me dis quand même qu’ils peuvent te croquer trois ou quatre orteils en même temps en guise d’apéritif. Mais ils sont bien dociles, apparemment très habitués à se faire jeter des morceaux de poulet frit par les touristes amusés. Vu de dessus, ils ondulent en nageant et sont magnifiques. Vu de sous l’eau, ils ont l’air moins sympas tout de même…
Une fois bien restaurés, nos guides commencent à nous faire des animations assez marrantes. L’un d’entre eux donne tout pour nous divertir. Et vas-y que je te grimpe au cocotier, que je te dépiaute la noix de coco avec les dents, que je te montre les fesses.
Ils font leur taf avec le sourire, et sont assez marrants. Je me déclare volontaire pour la phase suivante, ainsi que trois autre gars, ou ils nous explique comment faire du lait de coco. Ils râpent de la chair de coco et nous en mettent dans la main.
On doit fermer le poing, puis ils nous font réaliser pendant cinq minutes leur pas de danse traditionnels, super physiques. On passe bien pour des cons (sauf un des gars qui refuse de danser), mais on l’a choisi hein.
À la fin de la danse, on presse la coco dans nos main et on boit le lait qui en sort. Tu peux pas faire plus gogo touriste mais on a bien rigolé quand même.