Voyage à Tahiti

À la différence de ton proche qui raconte ses vacances, la page web tu peux la fermer sans être malpoli…

VENDREDI 26 juillet

Ouverture des JO de surf.

Levés à 3 heures du matin, mais on a l’impression de bien avoir rechargé les batteries. L’appartement que nous louons est fonctionnel et assez confortable.

On met tout ce dont on a besoin dans un seul sac à dos, et c’est parti. Direction l’arrêt de bus du collège d’Arue, en bas de la côte. Elle est assez facile à descendre et on se sent légers comme des plumes. Notre objectif est de nous rendre à la cérémonie d’ouverture des JO 2024, spécifiquement des épreuves de surf, à Altimaono. C’est sur la côte sud de la partie principale de l’île, Tahiti Nui (la presqu’île au sud est appelée Tahiti Iti). L’évènement débute à 7h donc on a prévu large.

À 5h, le bus est rempli de locaux qui partent travailler. L’ambiance est indéfinissable. Le trajet est ponctué de « tapea ! » scandés au chauffeur pour qu’il stoppe à l’arrêt suivant. On est déjà bien au-delà du PK18 quand le soleil se lève. Et là c’est la claque. D’un côté de la route le lagon délimité par l’écume blanche des vagues sur le récif, et de l’autre les contreforts des montagnes du sud, encore plus acérées qu’à l’ouest. La végétation pousse sur des pentes quasi verticales, les maisons sont plus petites et dispersées. On se rapproche de l’idée d’une île sauvage au milieu de l’océan.

Le bus arrive à Papara. Il fait un demi-tour, et le chauffeur nous fait comprendre qu’il s’agit du terminus, et qu’on doit descendre. Après discussion, il s’avère que le terrain prévu pour la cérémonie, en face du golf d’Altimaono, se trouve près de trois kilomètres plus loin. Et bien soit, une demie heure plus tard nous y sommes.

Le dispositif gendarmerie est assez gros par rapport à l’évènement. Les installations, qui se transformeront en fan zone des épreuves de surf dès le lendemain, ont été bien pensées. On fait un tour sur la plage avant de rentrer dans l’enceinte du camp. Des artistes sont en train de se préparer, l’ambiance est festive avec un soupçon d’excitation et de trac. Il s’agit de la plage ou la première partie de cérémonie avec l’accueil des surfeurs aura lieu, mais comme on ne le sait pas on rentre directement dans le camp. Il y a une scène, un grand chapiteau ou les représentations auront lieu et un autre très grand espace couvert avec de nombreux commerçants de produits locaux et associations.

Des gradins, dont une partie des sièges est accessible au public, font face à la scène et à l’espace de représentation couvert. Comme on est parmi les premiers, on profite de deux sièges très bien placés. Un animateur nous fait patienter pendant que les surfeurs arrivent par la mer. L’animation débute par les discours obligatoires des politiques et autres officiels. Bla bla bla nous sommes tellement heureux, bla bla bla Ia Ora Na, Maeva et Mauruuru.

Un guide spirituel nous fait un discours en tahitien évidemment incompréhensible mais assez impressionnant. Les gens l’écoutent.

Ensuite les surfeurs des 21 délégations défilent les uns après les autres, escortés de tahitiens porteurs de drapeaux nationaux en tenues traditionnelles très crédibles et impressionnantes. On sent qu’ils veulent faire émerger de l’évènement la culture polynésienne et une certaine authenticité.

On est dans l’ambiance, on applaudit tous les sportifs et surtout les français qui ont l’air super cool et détendus. Ils déposent chacun du sable de leur pays dans une boite transparente.

Ensuite on observe la cérémonie du Rahiri où toutes les délégations et les officiels posent une feuille de bananier en signe de respect.

Et pour finir le meilleur, une danse traditionnelle réalisée par une centaine de jeunes polynésiens, certains très jeunes mais tous hyper synchros et énergiques. On sent que ces jeunes sont très heureux de nous présenter leur culture et leurs traditions, et qu’ils en tirent une grande fierté. Ça ne ferait pas de mal à bon nombre de petits métropolitains de pouvoir se connecter de cette manière à leurs racines.

On se pose sur la plage derrière le camp, il n’y a que quelques personnes et on assiste à l’interview filmée de Barbara Martins-Nio l’organisatrice des JO à Tahiti. Son assistante la rassure sur la qualité de l’évènement, mais elle n’a pas l’air convaincue. On mange des bols coréens préparés en 15mn selon le chef (une heure en fait) très bons.

On reprend le bus directement devant le golf (en fait on peut se signaler aux chauffeurs qui nous embarquent presque n’importe où apparemment).

On repasse au PK18 piquer une tête et bronzer un peu. Je souhaite tester ma gopro dans l’eau aussi. J’ai à peine plongé que je trouve un joli coquillage de bénitier. Je le récupère. C’est le seul que je trouverai de la journée. La gopro par contre elle s’arrête de marcher une minute après immersion. Je me rendrai compte ultérieurement qu’elle fonctionne encore, elle avait juste eu un problème de batterie. On est sous les cocotiers, le cadre est assez fou. On fait une petite session de snorkeling avec Mel. On voit pas mal de poissons dans les petits groupes de coraux disséminés ça et là.

Bon cette fois, retour à la base. Par manque de place, je me retrouve au fond du bus. La radio passe des reprises surprenantes de variété française par des artistes locaux.

Instant inoubliable, coincé entre deux tahitiens massifs et un peu patibulaires, sur « pour que tu m’aimes encore » de Céline Dion ou « je t’aimais je t’aime et je t’aimerai » de Cabrel, le tout interprété par un chanteur enjoué façon Franky Vincent sur une instrumentale haute en couleur. Tiens d’ailleurs en parlant de Franky Vincent, les paroles de la chanson suivante, bien locale celle-là, nous ont fait marrer avec Mel : « J’ai vu ta sœur dans la salle de bain, elle est pas mal ta sœur, j’ai vu ta sœur la culotte à l’envers. Culotte à l’envers elle est pas mal ta sœur… » On est clairement dans les îles là.

Une fois à l’appartement on se pose et on se rend compte qu’on n’a rien à manger pour le soir. Mel arrive à nous trouver un resto qui livre des kebabs. Comme quoi la modernité est là aussi.